Si vous aimez les randonnées qui offrent à la fois des paysages grandioses et un brin de défi, alors celle du Pic de Pichaley est faite pour vous ! Cette boucle au départ du col de Portet mêle sentiers panoramiques, lacs d’altitude et crêtes aériennes. Entre panoramas grandioses et passages un peu techniques, cette boucle promet une belle aventure en montagne.
Nous avions déjà gravi le pic de Pichaley, il y a quelques années, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, en passant d’abord par son sommet et en descendant ensuite sur les lacs et le refuge de Bastan. Mais la crête entre le pic de Pichaley et le col de Bastan demandant de l’attention (terrain délicat), aujourd’hui, nous ferons cet itinéraire dans l’autre sens afin d’aborder ce passage technique en montée. Une stratégie bien connue : il vaut mieux affronter un obstacle en montée que de tenter une descente acrobatique façon cabri mal réveillé…
Le GR 10, sentier de grande randonnée traversant les Pyrénées, passe par le Col de Portet (2 215 m), point de départ de notre itinéraire. Ce col est un passage emblématique pour les randonneurs au long cours, offrant une vue imprenable sur la vallée d’Aure et sur l’Arbizon d’un côté et le massif du Néouvielle de l’autre. Les cyclistes, eux, le connaissent surtout pour son ascension redoutable, régulièrement empruntée par le Tour de France.
Depuis le col, nous entamons la randonnée sur le GR 10. Après avoir franchi successivement le ruisseau de Montarrouyet puis celui de Pichalet, le sentier file vers l’ouest, relativement plat. Devant nous, les sommets du massif du Néouvielle, légèrement saupoudrés par la première neige de la saison, se découpent sous la lumière dorée de l’automne. Un décor grandiose pour une mise en jambe. Cette section, très fréquentée en été, voit défiler de nombreux randonneurs en route vers le refuge et les lacs de Bastan.
L’objectif du jour, le pic de Pichaley est tout proche… mais nous allons le contourner pour le gravir par sa crête nord.
Lorsque nous arrivons en surplomb du lac de l’Oule, le GR 10 s’oriente brusquement plein nord en balcon, offrant une vue spectaculaire sur le lac. Sauf qu’aujourd’hui, surprise… il est totalement vide ! Le lac de l’Oule, créé dans les années 1910, est habituellement un magnifique miroir d’eau, mais les travaux de rénovation de son barrage l’ont transformé en une vaste étendue asséchée. Ce barrage, qui fait partie du réseau hydroélectrique de la vallée d’Aure, joue un rôle clé dans la production d’électricité et la gestion des ressources en eau. Mais en ce moment, il évoque davantage une plage à marée basse qu’un paisible lac de montagne !
Ce tronçon du sentier, bien tracé, mais étroit par endroits, demande un peu d’attention, surtout par temps humide. Après cette traversée en balcon, nous arrivons à une bifurcation offrant deux choix ; soit prendre le sentier de droite qui reste à flanc et qui rejoint directement les lacs du Milieu de Bastan ou opter pour celui de gauche qui descend légèrement vers le lac inférieur. Dans les deux cas, l’itinéraire remonte progressivement vers les lacs de Bastan et le refuge du même nom.
Ce minuscule lac d’origine glaciaire reflète le pic de Bastan et constitue un premier point fort paysager de la randonnée.

Même si l’envie de poser le sac et de s’assoir pour contempler le paysage se fait ressentir, la randonnée continue ! Le sentier longe à présent les rives du lac du Milieu avant d’arriver au Refuge de Bastan (2 230 m).
Construit en 1973, le Refuge de Bastan présente une architecture typique des refuges pyrénéens de cette époque. Sa structure en bois et en pierre est surmontée d’un toit à deux pans inclinés, conçu pour résister aux rigueurs climatiques de haute montagne, notamment aux fortes chutes de neige. Cette conception rappelle celle de l’ancien refuge de Campana de Cloutou et de l’ancien refuge de Barroude.
Quelques mètres plus loin, nous atteignons les berges du lac Supérieur, un spot parfait pour une pause avant d’attaquer la montée vers le col de Bastan.

Le sentier s’élève maintenant en lacets, rendant l’ascension progressive et plutôt confortable. Derrière nous, la vue plongeante sur les eaux cristallines des lacs de Bastan est à couper le souffle. Le pic du même nom, saupoudré d’une fine couche de neige récente, trône en seigneur au-dessus du paysage. L’ensemble offre un tableau digne d’une carte postale.
On se retourne pour souffler dans la dernière pente avant d’atteindre le col de Bastan… et là, waouh !! Quelle vue grandiose ! Les lacs de Bastan scintillent en contrebas, encadrés par les sommets enneigés.
Une fois au col de Bastan (2 481 m), la vue s’ouvre en grand sur la vallée et la Réserve Naturelle Régionale d’Aulon. En contrebas, le petit lac de Portarras se niche discrètement dans le paysage, tandis que l’imposant Arbizon domine fièrement l’ensemble, comme un gardien veillant sur son royaume.
Protégée depuis le 10 février 2011, la Réserve Naturelle Régionale d’Aulon, s’étend sur 1 237 hectares au pied du massif de l’Arbizon, culminant à 2 831 mètres. Elle couvre une gamme d’habitats montagnards, allant des forêts aux éboulis, en passant par les prairies, à des altitudes variant de 1 350 à 2 738 mètres.
Cette diversité de milieux favorise une riche biodiversité, abritant de nombreuses espèces endémiques des Pyrénées ainsi que des espèces rares et menacées, telles que l’aigle royal et le gypaète barbu.
La gestion de la réserve est assurée par l’association « La Frênette », qui œuvre pour la préservation des milieux naturels en harmonie avec les activités humaines, notamment le pastoralisme et la randonnée.
Des visites guidées sont proposées, principalement au printemps et en été, permettant aux visiteurs de découvrir la richesse écologique de la réserve.
Pour préserver cet environnement fragile, des règles strictes sont en place :
- Interdiction de quitter les sentiers balisés.
- Chiens tenus en laisse autorisés.
- Interdiction de véhicules et de VTT.
- Camping réglementé, autorisé entre 20 h et 8 h.
- Interdiction de cueillette et de prélèvement.
- Interdiction de bruit et de dérangement.
Depuis le col, le sentier devient plus sauvage et moins marqué. On suit une sente qui serpente d’abord sur des pentes herbeuses avant de se faufiler entre les éboulis du Pichaley. Les derniers mètres demandent un peu d’attention : le terrain est instable, et il faut parfois poser les mains pour sécuriser son appui. Rien d’insurmontable, mais de quoi ajouter une touche alpine à l’ascension ! En se retournant, on réalise que le pic de Bastan d’Aulon (2 721 m), qui paraissait presque sage depuis le col, révèle finalement une silhouette bien plus impressionnante. Comme quoi, tout est question de perspective !
Arrivés au sommet du Pichaley (2 626 m), c’est un véritable festival de sommets qui s’offre à nous. La récompense visuelle est immense, une fresque minérale à perte de vue.
Droit devant, le pic de Campbieil (3 173 m) joue à cache-cache avec les nuages, prêt à disparaître dans la brume, tandis que ses voisins, le Badet (3 160 m) et le majestueux pic Long (3 192 m), ont déjà tiré leur révérence derrière un voile cotonneux. Plus proches, de gauche à droite, le pic de Bugatet (2 877 m), le redoutable pic Méchant (2 944 m), le pic d’Estaragne (3 006 m) et la crête des Alharisses se détachent nettement.
Et bien sûr, face à nous, trône en maître le mythique pic de Néouvielle (3 091 m), flanqué de son fidèle compagnon, le pic de Ramougn (3 011 m). À leurs pieds, les sommets plus modestes qui séparent le vallon du lac de l’Oule des lacs d’Aubert et d’Aumar ne sont pas en reste. Véritables belvédères, ils offrent aussi des panoramas spectaculaires : le Soum de Monpelat (2 475 m), le pic d’Aumar (2 578 m) et la crête qui s’étire vers le pic d’Estibère (2 663 m). Sans oublier le pic Plat (2 559 m), le pic de Gourguet (2 619 m), le pic de Madaméte (2 657 m)… et tous ceux qui mériteraient aussi d’être cités !
Finalement, en contemplant ces sommets, un constat s’impose : on en a gravi un paquet dans le secteur… et on ne s’en lasse toujours pas !
Le Pic du Midi de Bigorre se dessine au loin, tel une sentinelle veillant sur les sommets pyrénéens. Mais attention, il n’est pas le seul à vouloir régner sur l’horizon ! Un peu plus à l’est, l’Arbizon semble lui tenir tête, campé solidement sur ses bases, comme s’il défiait son illustre voisin d’un regard massif et imposant. Ici, le temps semble suspendu, et chaque sommet raconte une histoire que seuls les randonneurs prennent le temps d’écouter.
La descente commence par une crête rocheuse facile avant d’arriver à une zone plus délitée, où il faut prendre son temps. Autrement dit, mieux vaut éviter les excès de confiance sous peine d’un atterrissage express peu confortable. Le Col de Jetas (2 485 m) est un vaste replat marqué par des cairns, où l’on retrouve un sentier plus confortable. Depuis là, une courte montée, mais raide nous mène au Montarrouyet (2 473 m). Cette crête panoramique est un pur plaisir à parcourir, offrant une vue imprenable sur les sommets voisins et une magnifique perspective sur la vallée qui plonge vers Aulon. Ses reliefs tourmentés, sculptés par les glaciers d’autrefois, racontent une histoire millénaire, figée dans la roche et façonnée par le temps.
En suivant la ligne de crête, on atteint ensuite le Pic de Montarrouyes (2 462 m). Ce sommet secondaire est une belle surprise, offrant une dernière vue imprenable sur la crête que nous venons de parcourir.
La descente est progressive et agréable, passant par des pelouses alpines et quelques zones rocailleuses. On retrouve enfin le Col de Portet, où la boucle se referme après environ 4 h de randonnée…
Informations pratiques
Situation: Hautes-Pyrénées / Massif du Néouvielle
Accès: Depuis Lannemezan, rejoindre Saint-Lary-Soulan par la D929, puis monter en direction du Pla d’Adet. À Espiaube suivre la route goudronnée jusqu’au col de Portet (2 215 m).
Date: Le 24 octobre 2024
Altitude départ: 2215 mètres
Altitude maximale: 2626 mètres au sommet du pic de Pichaley
Dénivelé cumulé: 600 mètres
Itinéraire: Boucle de 11 km
Horaire: 4 à 5 H
Carte: Carte de randonnée 1748 ET / Néouvielle – Vallée d’Aure – Parc National des Pyrénées
Trace GPS: Télécharger
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