Tel un roi, le Néouvielle trône sur le superbe massif qui porte son nom et sa multitude de lacs. Son caractère minéral, son altitude, sa situation et son panorama d’exception en font une ascension de premier choix. Pelouse, névés, granit, perles lacustres aux eaux turquoise… le Néouvielle vous offre ce que la montagne a de plus beau. Cette ascension, dans un cadre somptueux, au-dessus des lacs du Néouvielle, laissera un souvenir impérissable.
Il y a 30 ans, avec mon ami Arnaud, nous avions fait le Néouvielle ! Une première pour lui, la troisième ascension pour moi. Nous étions jeunes et beaux…
Le rendez-vous était pris, depuis plus d’un an déjà, pour cette année anniversaire.
Le début de saison (juin et début juillet) est la meilleure période pour l’ascension du Néouvielle. En effet, les pentes d’éboulis recouvertes de neige, rendent la progression plus aisée.
En passant de bonne heure à la barrière du lac d’Orédon, nous pouvons monter nous garer au parking du lac d’Aubert (2160m). Nous nous acquitterons ce soir du prix du billet.
Il est 7 h 30 lorsque nous traversons la digue du barrage. La journée s’annonce magnifique. De l’extrémité ouest du barrage du lac d’Aubert, en suivant les nombreux cairns qui s’orientent vers le sud-ouest, nous arrivons vers 2250 mètres au niveau d’un replat. En continuant tout droit, nous irions en direction du Pas du Gat, passage permettant de franchir la crête nous séparant du lac de Cap de Long. Le sentier s’oriente sur la droite (NO). La pente se raidit et chauffe les mollets en remontant quelques ressauts faciles. Nous visons le bas de la crête de Barris qui descend du Néouvielle.
En une heure environ, nous atteignons la Brecque de Barris (2439 m). D’ici, la brèche de Chausenque et le Campanal est bien visible. Beaucoup plus à gauche, nous apercevons également le sommet du pic du Néouvielle.
Vue vers la Hourquette d’Aubert.
L’itinéraire redescend un peu puis remonte légèrement à flanc. Il faut bien suivre les cairns dans cette partie de l’itinéraire qui traverse une zone de gros blocs.
La réserve naturelle du Néouvielle
Le massif du Néouvielle est délimité au Nord par la route de Barèges et du col du Tourmalet; à l’Ouest par la route Luz-Gèdre; au Sud par la vallée montant vers Piau-Engaly et le vallon du Badet; à l’Est par la vallée d’Aure. Le massif de Néouvielle culmine à 3 192 mètres au Pic Long.
La réserve Naturelle du Néouvielle, ne couvre qu’une partie du massif. Attenante à la zone centrale du Parc National sur son côté Ouest elle est entièrement sur la vallée d’Aure. La réserve naturelle du Néouvielle a été créée en 1935, bien avant le Parc National des Pyrénées Occidentales en 1967. Le professeur Chouard, qui est à l’origine de cette création, s’exprime ainsi à son sujet: “…il n’est plus nécessaire de faire l’éloge du massif lacustre du Néouvielle, maintenant reconnu comme la plus belle et la plus complète des régions lacustres des Pyrénées Françaises.”
La réserve couvre 2313 hectares étagés de 1800 à 3091 mètres et malgré les aménagements qu’elle a subie, elle reste biologiquement riche. Le microclimat spécifique au massif lui offre des températures particulières et une atmosphère extrêmement limpide ; ce n’est pas par hasard que l’observatoire du Pic du Midi a été érigé sur un sommet voisin.
La route des lacs, ouverte en 1972, monte jusqu’à 2100 mètres d’altitude. Depuis 1994 elle est réglementée à partir du lac d’Orédon, où un service de navettes conduit les visiteurs aux lacs d’Aubert et Aumar.
Depuis 1968, la gestion de la réserve est assurée par le Parc National des Pyrénées.
Dans la Réserve naturelle du Néouvielle, la faune et la flore sont d’une richesse et d’une variété exceptionnelle; 370 espèces animales ont été recensées au cœur de la réserve: le grand tétras, le bec croisé, la perdrix grise, la marmotte, l’isard…
Les lacs et torrents abritent une espèce endémique des Pyrénées : le Desman, petit mammifère aquatique appelé aussi Rat Trompette.
571 espèces d’algues différentes y ont été également recensées. Il y a encore quelques années, le crapaud accoucheur détenait le record européen d’altitude.
Le pin à crochets tapisse les pentes des montagnes jusqu’à l’altitude de 2600 mètres; c’est la forêt la plus haute d’Europe.
L’itinéraire se poursuit à travers les rochers et traverse de légers ressauts herbeux. Plus haut, quelques névés résiduels facilitent la progression, avant d’arriver dans un petit vallon d’éboulis qui remonte en direction de la brèche de Chausenque (2790 m) bien visible en face de nous.
Vers 2 650 mètres d’altitude, nous atteignons un replat encombré de gros blocs en dessous de la brèche de Chausenque.
La conquête du pic du Néouvielle
Vincent Chausenque, officier topographe du génie, arrive dans les Pyrénées à Bayonne en juin 1804. Envoyé en service dans la région de Lourdes, il fait les excursions déjà classiques de l’époque autour de Barèges, Saint Sauveur, Cauterets… Il ascensionne plusieurs fois le pic du Midi.
C’est le début d’une véritable passion pour les Pyrénées. Il s’éprend tout particulièrement d’une montagne, le Néouvielle, vers lequel il pousse plusieurs reconnaissances.
Un jour de 1805, il rencontre Ramond aux cascades d’Escoubous avec lequel il s’entretient des possibilités d’ascension du « colossal Néouvielle ».
Ainsi, le 10 juillet 1847, (à l’âge de 65 ans) il veut faire une autre tentative vers cette montagne toujours vierge.
Il part à 2 H du matin, à cheval de Barèges, avec le guide Bastien Teinturier. Ils remontent jusqu’au Lienz, puis continuent à pied. Ils passent au lac de la Glére, puis par la brèche des Tourettes (aujourd’hui Brèche de Chausenque) et passent versant Est d’où ils atteignent le sommet. Ils restent 3 heures au sommet à savourer le succès, puis rentrent à Barèges, ou ils seront de retour 17 heures plus tard.
La neige est encore bien présente. Nous chaussons les crampons pour remonter un large vallon vers le sud-ouest. D’abord peu pentu, le névé, qui occupe l’ancienne cuvette du glacier du Néouvielle, se raidit dans sa partie supérieure.
Au bout du névé, nous avons encore une zone d’éboulis à traverser. Le sommet n’est plus très loin. La pente se redresse et l’on atteint la base de la cheminée qui permet de passer sur le versant Est.
Une escalade facile, nous permet d’atteindre le sommet du Néouvielle (3091m) après 3h30 de marche. Il est tout juste 11 h. Nous avons une magnifique vue plongeante sur le lac de Cap de Long.
Pour notre plus grand plaisir, il n’y a pas grand monde, alors qu’il peut y avoir foule certains jours d’été. Un panorama grandiose à 360° sur la chaîne des Pyrénées se déroule sous nos yeux: à nos pieds le pic de Ramougn (3011 m) et les lacs d’Aubert, d’Aumar et de Cap de Long, au Nord, le pic du Midi de Bigorre et son observatoire et vers le Sud, le pic d’Estaragne, (3006 m), le pic Campbiel (3173m), le Badet (3160 m) et le pic Long (3192m). Dans le lointain nous distinguons le cirque de Gavarnie et la brèche de Roland ainsi que le massif du Mont-Perdu. Plus vers l’Est le Vignemale et son glacier (3298 m) ainsi que le Balaïtous (3144 m).
Après plus d’une heure passée au sommet (l’anniversaire des 30 ans de notre première ascension ensemble vaut bien ça !), nous commençons la descente. Il est temps, car de nombreux groupes arrivent ; la cime va retrouver son habituelle foule estivale. La neige nous facilite grandement la descente jusqu’au replat où nous avons chaussé les crampons ce matin.
La suite de la descente s’effectue par le même itinéraire que ce matin.
Vue sur les lacs d’Aubert et Aumar.
Les Laquettes.
Le lac d’Aubert.
Belle journée pour cette rando anniversaire. Très content de cette nouvelle ascension avec Philippe. RDV en 2031 !
Superbes photos de 2021 … et aussi de 1991 !!!
Arnaud
Superbe ascension bravo ! J’ai adoré aussi le massif du Neouvielle qui est unique en son genre. J’ai néanmoins une question qui me trotte dans la tête à quoi ressemblait ces magnifiques vallées avant les barrages ?
@pascal Un début de réponse ! Avant la construction du barrage de Cap-de-Long, il existait un ancien lac; le lac de Loustallat: https://www.lacsdespyrenees.com/forum/msgforum.php?id_sujet=155