La vallée de Chistau est l’une des plus isolées et reculée de toutes les Pyrénées. Les Aiguilles de Lavasar (ou Puntons de l’Ibonet) sont deux pointes de 2505 et 2484 mètres d’altitude qui s’élèvent au-dessus d’un des éboulis arides du massif du Cotiella. Un étonnant contraste émane de ce site ; d’un côté d’abruptes parois et des versants caillouteux, de l’autre un paysage de pelouses et des forêts de conifères au vert intense.
Hier soir, nous avons bivouaqué à côté du refuge de Lavasar, après notre ascension de la Punta Llerga et c’est donc à une heure matinale que nous nous garons au niveau de l’épingle (1886 m), située en contrebas du refuge. Un panneau avec l’indication « Monticiello – Fuen Fría » indique la direction à suivre. C’est un ancien chemin forestier qui monte vers le sud-ouest dans la forêt. En nous retournant, nous avons une très belle vue sur la vallée de Chistau et au loin sur le massif du Mont-Perdu.
La vallée de Chistau (ou vallée de Gistaín), tire son nom de la commune de Gistaín.
Elle est dominée par le massif du Posets (3375 m), deuxième sommet des Pyrénées qui trône au milieu d’une région de haute montagne sauvage et peu fréquentée des Pyrénées Aragonaise. Les Aragonais le nomment Pico de Llardana, que l’on traduit par « région brulée ».
À l’ouest, le col de la Cruz de Guardia fait communiquer la vallée avec celle de Bielsa. Au nord, la vallée communique avec la France par le col de Plan ou le port de Cauarère et le port de la Pez. À l’est, le col de Sahún, à 2000 mètres d’altitude, conduit à la vallée de Bénasque.
Il faut passer, le défilé encaissé et abrupt de « La Inclusa », la seule porte naturelle de la vallée depuis l’extérieur, pour pénétrer en vallée de Chistau, ce qui explique pourquoi elle est restée l’une des plus isolées et reculées de toutes les Pyrénées.
La rivière Cinqueta est la vertèbre de cette vallée composée de neuf villages à l’architecture traditionnelle. Ici les prairies sont modelées en terrasses, les hommes ont conservé leurs traditions ancestrales comme les carnavals, les fêtes de la Saint-Jean, les danses, les costumes populaires. La langue parlée dans la vallée est l’Aragonais « Chistabin » une variété de la langue aragonaise.
En une demi-heure, à la sortie du bois, nous débouchons au bas du vallon solitaire de Lavasar aux alentours des 2000 mètres d’altitude. Nous sommes dominés à droite par le pic de Monticiello (2372 m) nommé aussi Peña de Lavasar.
Nous entrevoyons déjà notre objectif ! L’environnement est extrêmement minéral. Seuls quelques pins arrivent à coloniser ces versants arides et caillouteux.
Dans le haut vallon de Lavasar, la Peña de la Una (2719 m) à gauche et à droite les aiguilles de Lavasar (2505 et 2484 mètres d’altitude).
Les hautes montagnes de ce secteur ont longtemps servi de cadran solaire aux habitants du village de Plan, qui baptisèrent les sommets en fonction de l’heure à laquelle le soleil passait à leur zénith. On trouve au nord-ouest du vallon de Lavasar, dominant l’Ibón de Plan, la Peña de las Diez (2568 m), la Peña de las Once (2651 m) et la Peña del Mediodía (2465 m).
La magie de la nature ! Malgré cet environnement hostile, Edelweiss et Ramonde des Pyrénées arrivent à s’installer !
Notre progression est lente dans cette zone rocheuse…
Contrairement à certains propriétaires des lieux, bien plus agiles et rapides que nous !
Nous continuer de monter en direction des aiguilles de Lavasar que l’on contourne par la gauche.
Nous arrivons à un tout petit lac (ibonet en aragonais), situé au pied des aiguilles ruiniformes de Lavasar. Ici, elles sont également nommées « Puntons de l’Ibonet » en référence à ce tout petit lac capturé à leurs pieds, au creux d’une petite dépression.
Nous avons une superbe vue sur la Peña Es Litas (2618 m) et son incroyable architecture de schistes décomposés. Décidément, le massif du Cotiella, nous séduit encore plus à chaque visite.
Superbes Aiguilles de Lavasar !
Évidemment, comme toujours, l’envie de se rapprocher au plus près est la plus forte ! Nous voulons aller au pied des aiguilles…
Compagnon fidèle de Jean Arlaud, Raymond d’Espouy est fasciné par l’austère beauté du massif du Cotiella. Il parcourra ce massif inlassablement durant les dernières années de sa vie, en compagnie de Pierre Billon. Il réussit la première ascension du point culminant par l’arête nord-est, depuis la brèche de Las Brujas.
L’une des pointes du Cotiella (2825 m) porte désormais son nom. Tous les ans, les Montañeros d’Aragon organisent une manifestation à sa mémoire.
Vue sur la Peña Es Litas entre les deux aiguilles de Lavasar.
Pour l’avoir fait, je déconseille fortement aux personnes n’ayant pas un bon pied montagnard de tenter le tour des Aiguilles ! C’est tentant puisque juste en dessous des aiguilles, nous sommes attirés par ce beau plateau herbeux …
Pour franchir le ressaut nous permettant d’atteindre le fond du vallon de montée, nous avons eu pas mal de difficultés ; pour preuve, pas de photos de ces passages !!
Le plus sage est donc de revenir sur ses pas et de redescendre par le même itinéraire.
Pour revenir au parking, nous faisons un détour sur des pelouses situées plus à l’ouest du chemin de montée.
Le film de la randonnée
Informations pratiques
Situation: Pyrénées / Aragon / Vallée de Chistau / Massif du Cotiella
Accès: Sur la route d’Ainsa, 6 km après Bielsa, tourner à gauche en direction de Plan sur la A-2609. Au bout de 5 km, tourner à droite vers Saravillo et poursuivre la piste (Ticket). Prendre à gauche aux deux bifurcations suivantes et poursuivre en direction du collado del Ibón et du refuge de Lavasar. Se garer à la cote 1886 m dans une épingle où le sentier à emprunter est marqué d’un panneau « El Monticiello – La Fuen Fría ».
Altitude départ: 1890 m
Altitude maximale: Environ 2400 m
Dénivelé cumulé: Environ 700 mètres D+
Itinéraire: Boucle d’environ 7 km
Horaire: 3 à 4 H
Carte: Alpina 1/25000 Cotiella
Trace GPS: Télécharger
Bonjour
Belles photos et commentaires pertinents (notamment le conseil en fin de page) pour cette rando, que je met en attente dans ma liste…
Merci pour ce topo (et les autres aussi ;-)) )
Amicalement
Philippe