Au cœur du Val d’Azun, le lac d’Estaing est un lac naturel à 1161 mètres d’altitude au pied de majestueux sommets. Cette magnifique randonnée au lac de Plaa de Prat et aux lacs de Liantran, vous fera découvrir une belle vallée granitique au cœur du Parc National des Pyrénées.
Situé au fond de la vallée d’Estaing, à 1161 mètres d’altitude, le lac d’Estaing est un lac glaciaire, issu de la présence d’un glacier qui existait en ces lieux à l’ère quaternaire et qui se prolongeait jusqu’à la plaine d’Argelès-Gazost.
Son nom est issu du terme occitan « estang » qui signifie étendue d’eau. C’est au lac d’Estaing que les habitants du village situé quatre kilomètres en aval doivent le sobriquet de « eths pescadous » (les pêcheurs). Tous les printemps, il y est organisé un grand rassemblement de cerfs-volants dans le cadre du festival Eolo Tempo.
Ce ne sont pas les fées de la légende du lac qui se baignent ce matin, mais des vaches qui se rafraichissent…
La légende du lac d’Estaing
La légende raconte que le lac d’Estaing fut (et est peut-être encore) habité par des fées. Celles-ci, autrefois femmes, avaient reçu un mauvais sort qui les contraignait à rester au fond du lac.
Un jour, un nommé Abbadie de Sireix et un compagnon, rentrant d’Espagne, passent près du lac d’Estaing et entendent les fées chanter. Elles leur disent :
-« Un mauvais sort nous retient au fond du lac, mais vous pouvez nous rendre la liberté et nous épouser si vous avez mangé, tout en restant à jeun ».
Un matin, le jeune Abbadie, se dirigeait vers le lac d’Estaing en mâchant des graines de seigle. Lorsqu’il arriva au lac, l’une des fées se jeta dans ses bras. Il lui demanda alors sa main et l’obtint.
-« Je suis redevenue femme, épouse-moi, je t’apporterai le bonheur, la prospérité, mais il ne faudra jamais me traiter de folle » lui dit-elle. De cette union, naquirent cinq beaux enfants.
Mais un jour que l’orage menaçait et qu’Abbadie était loin de sa maison, sa femme prit l’initiative de récolter toute la moisson déjà mûre et de la mettre à l’abri. De retour, Abbadie ne comprit pas la hâte de sa femme :
– « Qui t’a ordonné cela ? »
– « C’est moi ! » répondit-elle.
De colère, il lui cria : –« Tu es folle ! ».
Aussitôt, elle disparut et retourna dans le lac d’Estaing, toute à son malheur de devoir abandonner sa famille. Quelques instants plus tard, un violent orage détruisait toutes les récoltes des voisins.
La fée, qui venait chaque matin revoir ses enfants, fut surprise par son époux qui, pris de remords et malheureux, la pria de lui pardonner. – » Je ne peux pas ! Je ne reviendrai plus, mais je veillerai toujours sur mes enfants et leurs descendants, deviendront illustres ».
C’est ce qu’elle fit puisque la légende dit aussi que de la famille Abbadie de Sireix est issue la famille Bernadotte, qui règnent encore, de nos jours, sur la Suède…
Nous traversons le Gave de Labat de Bun qui alimente le lac d’Estaing, par le Pont du Pescadou. La large piste remonte ce beau plateau vers l’ouest et passer rapidement devant la cabane de l’Oelhestre que nous laissons sur notre gauche.
La piste se transforme en sentier de randonnée qui monte doucement jusqu’au Pont de Plasi (1323 m). La pente s’accentue fortement, puis le sentier monte en lacets à travers une forêt de hêtres et de sapins avant de déboucher à l’entrée d’un vallon.
En continuant sur la rive droite du Gave, on arrive bientôt au plateau de la Cétira (1 591 m), qui marque l’entrée du Parc National.
Le sentier passe à côté de la Toue de la Cétira, un abri de berger aménagé sous un énorme rocher. Rénovée en septembre 2017, la Toue de Cétira offre désormais un bel abri fermé par une jolie porte en bois gravé.
À quelques enjambées en aval du lac de Plaa de Prat, nous arrivons au petit lac de Langle, à 1605 mètres d’altitude, que l’on longe.
Le sentier continue doucement jusqu’au lac du Plaa de Prat (1656 m) niché sur le plateau suivant. Ses rives et sa cabane incitent à la pause. Aujourd’hui, c’est jour de transhumance ; le berger et son troupeau sont à la pause sur les pâturages du bord du lac, avant de continuer la montée vers les estives supérieures.
Au niveau de la cabane du Plaa de Prat, à l’embranchement, nous laissons à gauche le sentier qui monte vers le lac de Nére, pour continuer vers le sud-ouest le long du Gave de Labat de Bun que nous franchirons à deux reprises pour arriver aux ruines de Liantran.
Les ruines de Liantran
Perchés à 1 824 mètres d’altitude, sur les rives des lacs de Liantran, le village d’estive du Liantran (1824 m) n’a pas encore livré tous ses secrets. Certaines de ces ruines pourraient remonter jusqu’au néolithique. Traces d’enclos, anciennes cabanes en ruine, leytés (petite niche dans laquelle on conservait le lait au frais)… dénote de la forte activité pastorale de ce secteur dans le passé.
Le matériau principal est la pierre présente sur le site. Les constructions étaient de toute petite dimension ; la cabane était juste suffisante pour abriter les hommes et l’enclos permettait de regrouper les brebis pour la traite.
Un des vestige le mieux conservé est un leyté. Cet ancêtre du frigo est une petite construction faite en pierre séche au-dessus d’un ruisseau. Les bergers y mettaient le lait au frais. Ils pouvaient ensuite l’utiliser pour la fabrication du beurre qu’ils allaient ensuite vendre sur les marchés.
Les petits lacs de Liantran se situent à 1824 mètres, de suite après les ruines.
Une petite variante hors sentier pour la descente nous ramène au lac de Plaa de Prat, où nous faisons de nouveau une pause, en compagnie des bergers, de l’assistant berger et d’un futur assistant berger, avant de redescendre au lac d’Estaing.
Informations pratiques
Situation: Hautes-Pyrénées / Val d’Azun / Vallée d’Estaing
Accès: Depuis Argelès-Gazost, suivre la D 918. À Arras-en-Lavedan prendre la D 103 en direction d’Estaing et continuer jusqu’au lac d’Estaing.
Date: Le 22 juin 2019
Altitude de départ: 1161 mètres
Altitude maximale: 1824 mètres
Dénivelé cumulé: 700 mètres
Itinéraire: Aller-Retour
Horaire: 5 H
Carte: Carte: Carte IGN 1647 OT Vignemale – Ossau – Arrens – Cauterets
Trace GPS: Télécharger
Bonsoir Philippe
J’ai effectuée cette rando ce mois de juillet, avec mes petits enfants (10, 9 et 7 ans). Ils se sont bien régalés avec la diversité des paysages, et quelques animaux, malgré une journée bien ensoleillée. Heureusement que nous avons pu refaire le plein des gourdes à la source du lac de Plaa. Ils ont bien aimé aussi les cabanes, ainsi que l’ancêtre du réfrigérateur !
Tes photos sont très belles, des fleurs, de l’eau en abondance dans le gave, de la neige sur les hauts sommets, sans oublier l’adorable futur assistant du berger. Merci pour ce topo.
Philou47