Un magnifique road-trip passant par les trois provinces d’Aragon…
Des montagnes, des rivières, des villages, des tapas…
Jour 1
Nous partons de bonne heure ce matin, car l’objectif est d’être ce soir pas trop loin du massif du Moncayo. Il fait beau et après avoir passé la frontière, nous faisons le premier arrêt de la journée au lac d’Ainsa. Bien sûr, nous le connaissons fort bien, mais aujourd’hui, il est particulièrement beau, il est rempli au-delà du niveau et par endroits les arbres ont les pieds dans l’eau.
Nous reprenons notre route vers le Sud. Le prochain arrêt est le très beau village d’Abizanda que nous visitons rapidement.
Vers 17 heures, nous arrivons à Tarazona. Nous sommes maintenant dans la province de Saragosse et Tarazona (la quatrième ville de la province) est la capitale de la Comarque de Tarazona y el Moncayo.
Tarazona est une localité épiscopale et mudéjar. Sa cathédrale est l’une des plus étonnantes parmi les neuf que compte l’Aragon. Le style gothique primitif y côtoie en effet le Mudéjar de ses tours et de sa tour-lanterne, et le style renaissance de sa façade. Distants de la cathédrale se trouvent le palais épiscopal et l’église la Magdalena. Tarazona possède également des arènes polygonales, datant du XVIIIe siècle, formées de demeures encore habitées de nos jours.
Il est presque 18 heures quand nous arrivons à Los fayos, un pittoresque village situé au pied d’une montagne de poudingue. Nous le visitons rapidement, notamment l’etonnante grotte de Caco.
Nous nous mettons en quette d’un spot pour passer la nuit. Nous trouverons un coin sympa à quelques kilomètres de Grisel, sur le parking du « Pozo de los Aines » une imposante cavité karstique creusée par l’action des eaux souterraines. Il mesure 22 mètres de diamètre pour une profondeur de 32 mètres. Ce puits se serait formé, il n’y a pas longtemps, géologiquement parlant, peut-être à la fin du Moyen Âge.
La légende du Pozo de los Aines
Vers 1535, les habitants de la ville de Grisel étaient pour la plupart des maures, convertis de force au christianisme, dont beaucoup continuaient secrètement à pratiquer leur ancienne religion. Un riche maure du nom de Hamet-Ben-Larbi, n’alla pas à la messe un jour férié pour aller travailler avec son serviteur au battage du blé. Peu de temps après le début de la tâche, un grand rugissement a été entendu et le Maure, le batteur et les chevaux ont disparu dans un grand trou : le Pozo de los Aines. Les habitants de Grisel effrayés par ce phénomène, l’ont attribué à une punition de Dieu pour avoir travaillé un jour férié.
Jour 2
Le Moncayo
Le Moncayo ou Mont San Miguel, avec ses 2 316 mètres d’altitude, est le point culminant du système ibérique (qui borde au nord-est le plateau central d’Espagne). Le massif est situé entre la province de Saragosse (Aragon) et la province de Soria (Castille-et-León). Depuis 1978, il est classé parc naturel (Parque Natural de la Dehesa del Moncayo) avec une superficie protégée de 11144 hectares.
Nous faisons ce sommet par un itinéraire en boucle passant également au pic Lobera, depuis le sanctuaire de la Virgen del Moncayo. Boucle de 16.7 km et 900 D+.
Le soir, nous passons la nuit au camping à Vera de Moncayo où nous sommes déjà venu lors de notre virée aux Bardenas l’an dernier.
Jour 3
Après environ plus de 3 h de route et plus de 200 km (dont une partie sur l’A 23 longue et fastidieuse), nous arrivons à Albarracín, un des buts de ce voyage. Nous consacrons une grande partie de la journée à la visite de cette superbe citée médiévale.
Albarracín
Classé parmi les plus beaux villages d’Espagne, Albarracín est une magnifique cité médiévale d’une teinte rosée, accrochée à une falaise qu’entaille le Guadalaviar. Perchée à 1180 mètres d’altitude, au cœur des Monts Universels qui culminent à 1920 mètres, cette ville donne son nom à une chaîne de montagnes située dans cette partie sud-ouest de l’Aragon : la Sierra d’Albarracín. Les remparts d’Albarracín furent élevés par les Maures au Xᵉ siècle, puis reconstruits en grande partie par les chrétiens au XIVe siècle. La sierra, habitée dès le paléolithique supérieur, recèle de nombreuses gravures rupestres visibles dans les grottes de los Toricos del Prado del Navazo, del Medio Caballo et de Doña Clotilde. De magnifiques portails en fer forgé, des heurtoirs et des fenêtres grillagées décorent les habitations. La cathédrale vaut aussi le détour.
Un peu plus tard dans l’après-midi, nous faisons un arrêt à la cascade de Batida tout proche de Calomarde.
Nous nous installons pour la soirée dans un superbe petit camping de la Sierra, à Terriente à 1440 mètres d’altitude. Situé à 4 km de Terriente et à 20 km d’Albarracín, le camping Algarbe est un véritable havre de paix….
Jour 4
À quelques kilomètres de route du camping, nous nous rendons ce matin à Calomarde. Au départ de ce village, nous suivrons un itinéraire de randonnée fort sympathique. Une agréable boucle a été aménagée avec de nombreuses passerelles au-dessus du Cañon de Los Arcos. Boucle de 11 km et 200 D+.
Après cette randonnée nous reprenons la route, car nous voulons voir encore des curiosités avant ce soir. La suivante est la Fuente Carcia, la source du Taje (Nacimiento del Rio Tajo) à Frías de Albarracín.
Le Taje est le plus long fleuve de la péninsule ibérique avec ses 1078 km, dont 802 km en Espagne, 48 km le long de la frontière et 228 km au Portugal. Il se jette dans l’océan Atlantique à Lisbonne.
Plusieurs statues constituent ce beau monument de la naissance du Taje. La plus monumentale représente la personnification du fleuve. Les autres sont les symboles des trois provinces qu’il traverse : le taureau avec l’étoile pour la province de Teruel (Aragon), le chevalier pour celle de Guadalajara et le calice pour celle de Cuenca (Castille-La Manche).
Un peu plus loin sur la route, nous passons au Simas de Frias. Ce gouffre surprenant fait 80 mètres de diamètre pour 60 mètres de profondeur.
Le dernier arrêt de la journée sera à El Vallecillo pour aller admirer la Cascada del Molino de San Pedro. Un coin magnifique ! Au milieu d’une végétation exubérante, la cascade tombe de six mètres de haut dans ce petit lagon aux eaux limpides.
Après cette journée bien remplie, nous revenons au camping El Algarbe vers 17 heures. Il va être temps de se préparer pour l’apéro…
Jour 5
Il ne fait pas très beau ce matin. La suite de notre road-trip en Aragon nous fait passer par Teruel que nous visitons brièvement et rapidement à cause de la pluie.
Teruel
Teruel est la capitale de la province. La vieille ville est construite sur une colline, à environ 900 mètres d’altitude. Le vieux Teruel conserve un patrimoine médiéval des plus intéressants. Les tours emblématiques, de la cathédrale, de San Salvador, de San Martín et San Pedro, font partie d’un riche patrimoine architectural de style mudéjar qui est classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
La plaza del Torico (la place du petit taureau) porte l’emblème de la ville, le taureau à l’étoile. Il est placé sur une petite colonne.
Le mausolée des amants a été construit par le sculpteur Juan de Ávalos en 1955. Il abrite les gisants des amants de Teruel et leurs momies présumées.
Un peu avant midi, nous prenons la direction de Pitarque. A Aliaga, la route devient non praticable à cause des intempéries. Nous revenons sur nos pas, puis nous faisons un grand détour pour Pitarque. Après finalement trois heures de voiture, nous arrivons dans ce petit village. Ce soir, c’est resto et nuit paisible sur le parking.
Jour 6
La météo s’est amélioré cette nuit et malgré le temps couvert, c’est avec entrain que nous débutons cette petite randonnée vers le Nacimiento del Rio de Pitarque.
Les falaises de calcaire, la rivière aux vasques cristallines, le sentier et sa végétation, nous proposent ce matin un beau spectacle plein de force et de couleurs dans ce magnifique coin sauvage du Maestrazgo. Au fond du canyon, nous devrons nous déchausser pour pouvoir arriver jusqu’aux dernières résurgences.
Le nacimiento del rio de Pitarque est déclaré monument naturel par le gouvernement d’Aragon depuis 2009.
La véritable source de cette rivière est en réalité située dans la commune de Fortanete, mais elle disparaît dès sa naissance, pour refaire surface ici en abondance.
Randonnée de 2 H 30 aller-retour pour 9 km et 150 mètres D+.
Nous reprenons une petite route très pittoresque jusqu’à Cantavieja à travers le Maestrazgo. Nous faisons un arrêt rapide pour visiter le village médiéval de Mirambel.
Mirambel occupe un haut plateau qui jouxte le cours du Cantavieja. Pénétrer dans son enceinte fortifiée, encore pratiquement intacte (signalons la porte des Nonnes, ornée de jalousies en plâtre), c’est plonger au cœur d’une atmosphère médiévale. Ces remparts du XIIIe siècle sont les plus complets et les mieux conservés du Maestrazgo.
Ce soir, nous posons le fourgon au Camping La Rasmia à Castellote. Extraordinaire repas au restaurant de ce camping ! Tout maison et produits locaux ! Assurément le meilleur hamburger que j’ai mangé de ma vie…
Jour 7
Ce matin, nous montons au château de Castellote. Nous faisons une petite boucle passant par l’aqueduc romain et nous tombons nez à nez avec deux « cabra montes ».
Nous avons vu de superbes photos du Salt de la Portellada. C’est donc l’objectif pour cet après-midi. Le GPS nous joue des tours et nous faisons un détour inutile de 30 km pour enfin trouver le départ de la promenade. Une heure de marche sur une piste en plein soleil pour trouver une cascade… sèche ! Mais c’est jolie quand même.
Nous prenons la direction de Beceite puis de Horta de Sant Juan. Nous quittons l’Aragon pour rentrer en Catalogne. Ce soir, nous dormons au cœur de la réserve du Parc Naturel des Ports sur l’aire de camping aménagé (et libre) Els Ateus avec toilette et douche froide. Nous sommes tout seul. Situé dans la province de Tarragone, et non loin du delta de l’Ebre, le Parc Naturel des Ports est pour nous une magnifique découverte.
Alors que nous mangions tranquillement, vers 20 heures, un renard peu farouche vient nous rendre visite. Il s’enhardit pour venir nous piquer un pot de rillettes et finira par monter sur la table pour essayer de s’attaquer à la poubelle !
Jour 8
Les Roques de Benet sont des blocs monolithiques de forme arrondie, visibles de loin et prisés des amateurs d’escalade. Il s’agit de la formation montagneuse la plus caractéristique et emblématique du Parc Naturel. Des parois verticales de conglomérat s’élèvent de près de 300 mètres et débouchent sur un plateau calcaire. Une magnifique randonnée et un paysage exceptionnel qui a inspiré Pablo Picasso.
Nous en avons fait le tour, avant de monter au sommet. Quelques pentes assez raides !
Au sommet, à 1013 mètres, nous avons une vue imprenable sur tout le massif et, en prime, nous faisons une belle rencontre avec deux « cabras hispanica ».
Randonnée en boucle de 11.2 km et 625 D+.
Nous reprenons la direction de Beceite. Après quelques courses, nous visitons le beau village de Valderobres qui appartient à la comarque de Matarraña.
Nous nous installons pour deux nuits au camping à Beceite où nous avons un superbe accueil. Le gérant, très sympathique, prend le temps de nous parler des choses à voir dans sa région.
Jour 9
Nous partons visiter aujourd’hui, le célèbre Parrizal de Beceite. Comme nous logeons au village, nous avons une réduction non négligeable sur le tarif du stationnement.
La randonnée est parallèle à la rivière Matarraña que nous remontons et traversons à de multiples reprises avec des passerelles. À la fin du parcours, après un chaos, nous atteignons les « Gúbies », la section la plus étroite du canyon. Le sentier se termine au niveau de ces estrechos où la rivière est encerclée de parois vertigineuses.
Randonnée en aller-retour de 9 km.
Pour occuper la fin de la journée, nous allons voir l’embalse de Peña puis nous remontons la petite route de la Pesquera et de ses piscines.
Jour 10
Sur les conseils du gérant du camping, nous partons ce matin pour la Peña Galera (1036 m). Son sommet est marqué par un signal géodésique. Depuis ce pic, on découvre de magnifiques vues sur les vallées de l’Algars et de l’Ulldemó et sur les Puertos de Beceite. Randonnée en boucle de 11 km et 600D+.
Nous reprenons la route pour remonter maintenant franchement vers le Nord, car demain, nous devons rentrer. Nous faisons trois heures de route, et après avoir traversé le désert des Monegros, nous nous installons le soir au superbe camping Bellavista à la Puebla de Castro. Il est idéalement situé sur les berges de l’embalse de Barasona-Joaquín Costa. Nous allons manger au restaurant le soir ; très bonne table.
Jour 11
C’est le dernier jour de notre road-trip en Aragon et nous allons en profiter jusqu’au bout pour visiter encore deux derniers sites très connus de ce secteur. Nous nous rendons d’abord au sanctuaire de Torreciudad. Il surplombe le barrage d’El Grado, avec une vue magnifique sur le lac.
Torreciudad
Torreciudad est un sanctuaire roman, dédié à la Vierge Marie, qui date du XIe siècle. À partir de 1956, un ermitage a été édifié à côté de l’ancienne chapelle. Il est l’œuvre de Josémaria Escriva (1902-1975), le fondateur de l’Opus Dei.
En 1970, les travaux du nouveau sanctuaire débutent. Il est inauguré en juillet 1975. La nouvelle église et les bâtiments annexes sont l’œuvre de l’architecte Heliodoro Dols. Ils se distinguent par une grande variété de formes malgré l’utilisation d’un matériel unique : la brique. Ils reprennent, avec une interprétation très libre, les éléments de construction traditionnels de l’Aragon.
Ce sanctuaire abrite une vierge noire : Notre Dame de Torreciudad, Reine des Anges. C’est une sculpture romane en bois de peuplier du XIe siècle.
Le nom du sanctuaire vient d’une tour de garde de l’époque arabe, située sur un piton rocheux : Torre-ciudad (tour-de-la-ville). Elle est située juste à côté de l’ancienne chapelle qui fut construite sur des vestiges datant du Moyen Âge.
La dernière étape de notre périple aragonais nous conduit à Roda de Isábena et à sa magnifique cathédrale que nous visitons, avant de rentrer par le tunnel de Vielha et le Val d’Aran.
Roda de Isábena
Roda de Isábena se situe en Ribagorza, un des comtés à l’origine de la Couronne d’Aragon. Roda de Isábena est la plus petite ville d’Espagne à posséder une cathédrale. Détruite au Xe siècle, elle est reconstruite à partir de 1053, puis achevée au XIIe siècle. À l’intérieur, de la cathédrale de San Vicente, se trouve le sépulcre de San Ramón, évêque de Roda, à côté duquel est conservée la dépouille de San Valero, évêque de Saragosse. La cathédrale possède un orgue magnifique de 1657. À ne pas manquer : sa crypte, son cloître ainsi que le Grand retable.
Informations pratiques
Dates: Du 20 au 30 mai 2019
Carte: Carte Espagne, Catalogne, Aragon, Andorre
Très joli ! Ça donne trop envie d y aller. Vive l’Espagne
Et envie d’y repartir ! VITE ….