Nous revoilà sur la plateforme de Gredos (1 780 m) pour le deuxième jour consécutif. On pourrait presque y installer notre résidence secondaire, tant ce coin regorge de merveilles ! Le départ est le même que pour la Laguna Grande, histoire de ne pas trop dépayser nos chaussures…

À la première intersection, nous poursuivons tout droit dans le vallon qui grimpe vers le Puerto de Candeleda. Désormais, nous suivons le PR-AV46, un sentier bien marqué où l’on slalome entre les blocs rocheux et quelques bouquetins curieux. La pente modérée au départ offre l’occasion d’admirer les sommets qui nous entourent.

Dans la Sierra de Gredos, l’humble bipède que je suis, perché sur un gros caillou, se prend pour le roi des cimes… Le bouquetin doit m’observer, moqueur devant cette modeste prouesse.

Le chemin traverse ensuite quelques ruisseaux de montagne avant de grimper plus nettement en direction du Puerto de Candeleda (2009 m), un passage naturel entre les versants nord et sud de la Sierra de Gredos.

Le Puerto de Candeleda offre une vue spectaculaire vers le sud. On peut admirer les contrastes entre les pentes rocailleuses du premier plan et la vaste plaine qui s’étend à perte de vue en contrebas. Au loin, les plans d’eau visibles sont les réservoirs de la région comme le lac Rosarito. Des brumes de vapeur s’élèvent doucement au-dessus de la plaine, ajoutant une touche mystique à ce tableau naturel. Ces nappes vaporeuses, baignées par la lumière diffuse, donnent l’impression que le paysage se fond entre ciel et terre, créant une ambiance presque irréelle.

Depuis le col, le sentier descend légèrement sur le versant sud au milieu des genêts, puis chemine sur cette crête facile jusqu’au Refugio del Rey (2176 m).

Le « Refugio del Rey » a été construit en 1914 sur ordre du roi Alphonse XIII. Il servait de lieu de repos lors de ses parties de chasse dans la région. Tout près se trouve la « Fuente del Rey », une source où l’on peut remplir ses gourdes avant d’entamer la partie la plus exigeante du parcours.

Le sentier commence à monter plus franchement. Le terrain devient plus technique, jalonné d’éboulis et de passages rocheux qui exigent une certaine vigilance. Du Cerro de Cagarruta (2 122 m), la vue panoramique dévoile à la fois le chemin parcouru et celui qui reste à venir. Après quelques hésitations, nous atteignons le Risco del Fraile (2 292 m) avant de descendre légèrement vers le Collado Navasomera (2 270 m). La dernière partie de l’ascension devient plus exigeante : le sentier serpente à travers éboulis et rochers, nécessitant une attention redoublée.

Au sommet du Pic Morezón (2 389 m), le panorama est à couper le souffle sur le Cirque de Gredos, avec l’Almanzor en majesté et la Laguna Grande à ses pieds.

Avant d’entamer la descente, nous longeons la crête jusqu’au point coté 2 386 mètres, histoire de profiter une dernière fois de la vue, puis nous plongeons dans un vallon orienté nord-est. Le sentier, bien qu’un peu timide par endroits, reste visible et suit un petit torrent qui semble dire : « Par ici, les amis ! »

En bas du vallon, nous rejoignons la vallée principale près du Pont de las Pozas, qui marque le retour à la civilisation, ou du moins à une zone nettement plus fréquentée. Nous nous retournons pour adresser un dernier regard au Morezón, notre magnifique sommet du jour. De là, nous empruntons le sentier principal, un véritable boulevard en comparaison avec notre aventure précédente, qui nous ramène à la Plateforme de Gredos.