Séparée du massif du Cotiella par le Collado de Santa Isabel, la Punta Llerga (2268 m) est bien individualisée. Véritable forteresse calcaire, elle domine les vallées du Cinca et de Chistau. Un superbe panorama pour admirer les grands sommets du secteur vous attend à son sommet.
Nous sommes pour deux jours en vallée de Chistau. Ce soir, nous avons prévu un bivouac au refuge de Lavasar, pour monter aux aiguilles de Lavasar demain. En attendant, pour ce premier jour, nous venons de nous garer au Collado de Santa Isabel (1542 m).
Le petit refuge est situé dans un cadre magnifique et dominé par la face est de la Punta Llerga.
Face à nous, la Peña Montañesa (2295 m).
Depuis le refuge, le sentier serpente entre les buis et file vers l’ouest. Il traverse un pré, puis monte en travers sur la droite pour se rapprocher de la base des falaises d’El Cantón.
À la base de la paroi, une petite traversée à plat nous amène au pied d’un éboulis. Le sentier monte rudement dans les pierriers croulants. Les bâtons s’avèrent précieux !
Vers 1800 mètres, un court passage horizontal permet un bref moment de repos. Le sentier traverse un couloir qui raye tout ce versant, (canal de la Litera) puis continue de monter dans les buis touffus. Vers 1980 mètres, la végétation s’éclaircit, nous arrivons sur une crête et la vue s’ouvre sur la vallée de Chistau, notamment sur l’étonnant Peñón de San Martín (1786m) planté au milieu de la vallée.
La vallée de Chistau (ou vallée de Gistaín), tire son nom de la commune de Gistaín.
Elle est dominée par le massif du Posets (3375 m), deuxième sommet des Pyrénées qui trône au milieu d’une région de haute montagne sauvage et peu fréquentée des Pyrénées Aragonaise. Les Aragonais le nomment Pico de Llardana, que l’on traduit par « région brulée ».
À l’ouest, le col de la Cruz de Guardia fait communiquer la vallée avec celle de Bielsa. Au nord, la vallée communique avec la France par le col de Plan ou le port de Cauarère et le port de la Pez. À l’est, le col de Sahún, à 2000 mètres d’altitude, conduit à la vallée de Bénasque.
Il faut passer, le défilé encaissé et abrupt de « La Inclusa », la seule porte naturelle de la vallée depuis l’extérieur, pour pénétrer en vallée de Chistau, ce qui explique pourquoi elle est restée l’une des plus isolée et reculée de toutes les Pyrénées.
La rivière Cinqueta est la vertèbre de cette vallée composée de neuf villages à l’architecture traditionnelle. Ici les prairies sont modelées en terrasses, les hommes ont conservé leurs traditions ancestrales comme les carnavals, les fêtes de la Saint-Jean, les danses, les costumes populaires. La langue parlée dans la vallée est l’Aragonais « Chistabin » une variété de la langue aragonaise.
Vers 2150 mètres, nous arrivons sur un premier replat au bas d’un ample cirque où nous rencontrons un troupeau de brebis. Nous montons sur la bordure droite de ces beaux pâturages, hérissée de lapiaz, en direction de la crête qui barre l’horizon à l’ouest.
Nous mettons pied sur la crête et en quelques minutes nous arrivons à la Punta Boltorín (2252 m), le sommet le plus au nord de cet immense plateau sommital. À l’ouest, les à-pics sont prodigieux sur la vallée du Cinca !
Les Sierras aragonaises avec le Mont-Perdu (au centre) et le massif de la Munia (à droite) en toile de fond.
Quel magnifique panorama sur le massif du Cotiella !
Le massif du Cotiella, est un massif assez élevé, qui culmine au Cotiella à 2912 m. Bien qu’il ne dépasse pas les 3000 mètres d’altitude, l’isolement relatif du massif le fait apparaître comme imposant, offrant une vue panoramique sur toute la région depuis ses sommets.
Le sommet de Cotiella est l’un des endroits des Pyrénées où par tradition se trouve un Sabbat des sorcières. La toponymie locale possède des noms avec le mot « Brujas » qui signifie « sorcières » en français.
Le massif est situé entre les cours des rivières Cinca et Ésera. Il est cerné au nord-est par le massif des Posets, au sud par la sierra Ferrera, dont le point culminant est la Peña Montañesa (2295 m) et à l’ouest par le massif de Llerga (2246 m d’altitude).
En route pour le Cotiella, en passant au Port de Sahún, Henry Russell décrit ainsi le paysage entrevu:
« […] ce qui m’enchanta surtout ce fut l’apparition subite du géant décharné que j’avais si souvent contemplé de loin, ou dans mes rêves. […] Quel singulier objet! […] Brulé partout, il ressemblait à une montagne de cendres. La neige elle-même qui sillonnait ses vallons désolés augmentait sa tristesse […]. Je n’ai jamais rien vu de plus lugubre et de plus nu : et cependant, l’ensemble de cette espèce de monstre était empreint d’une majesté bizarre « .
Extrait de Souvenirs d’un montagnard
Le Pico d’Espouy (2823 m) porte le nom de ce compagnon fidèle de Jean Arlaud. Raymond d’Espouy était fasciné par l’austère beauté de ce massif, qu’il parcouru inlassablement durant les dernières années de sa vie, en compagnie de Pierre Billon. Entres autres ascensions, il réussit la première du point culminant par l’arête nord-est, depuis la brèche de Las Brujas. Tous les ans les Montañeros d’Aragon organisent une manifestation à sa mémoire.
Nous apercevons le signal géodésique qui marque le point culminant de la large couronne de la Punta Llerga. Ce magnifique plateau, que l’on ne soupçonne pas depuis le bas, est constitué de prairies peu pentues à l’herbe rase et de zones de lapiaz.
Les efforts consentis, sont largement récompensés. Admirablement placée à l’écart de la chaîne frontière, la Punta Llerga (2268 m) nous offre un fantastique tour d’horizon sur tous les sommets alentour : La Peña Montañesa, les Sestrales, le Castillo Mayor, le Mont-Perdu, las Tres Marias, la Robiñera, la Munia, la Punta Fulsa, la Punta Suelza, le massif du Bachimale, le massif des Posets, les Eristés …. et bien sûr face à nous le magnifique massif du Cotiella, auquel nous allons rendre visite demain en allant aux aiguilles de Lavasar.
Nous continuons notre progression le long de cette crête jusqu’à la Punta Palomera (2174 m) qui marque l’extrémité sud de ce haut plateau. La Punta Palomera est parfois noté Punta Solán sur certaines cartes.
À partir d’ici, notre itinéraire repart plein nord en direction de la Punta Betrín. C’est à ce moment-là qu’un troupeau de chèvres peu farouches s’approche pour venir voir le contenu de nos sacs. Peut-être ai-je manqué une vocation de berger ?
Nous continuons la descente pour rejoindre le chemin de montée. Dans la descente de l’éboulis raide de ce matin, nous faisons une autre belle rencontre.
Retour au Collado de Santa Isabel.
Informations pratiques
Accès: Sur la route d’Ainsa, 6 km après Bielsa, tourner à gauche en direction de Plan sur la A-2609. Au bout de 5 km, tourner à droite vers Saravillo et poursuivre la piste (Ticket). Au deuxième embranchement, prendre à droite jusqu’au Collado de Santa-Isabel (1542 m).
Altitude départ: 1542 mètres
Altitude maximale: 2268 mètres
Dénivelé cumulé: Environ 800 mètres
Itinéraire: Boucle d’environ 9 km
Horaire: 5 H
Carte: Alpina 1/25000 Cotiella
Trace GPS: Télécharger
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