Le Cervin qui dresse son profil majestueux à 4478 mètres d’altitude est la vigie de cette magnifique randonnée passant par le 5-Seenweg (chemin des cinq lacs) et le sommet de l’Unterrothorn. Le village de Zermatt, le Cervin et sa forme pyramidale perçant le ciel se reflétant sur le lac Grindjisee, le glacier de Findelen, le majestueux panorama depuis le Rothorn, la quinzaine de sommets de plus de 4000 mètres nous entourant… cette randonnée restera inoubliable.
Depuis ma jeunesse (ça commence à dater un peu !) je voulais absolument aller voir plusieurs montagnes de plus près (Le Pelvoux, La Meije, la Barre des Ecrins, les grandes Jorasses, l’Eiger…) et bien sûr, la montagne la plus photographiée au monde : le mythique Cervin (Matterhorn en Suisse).
Nous venons de passer 3 jours dans le Val d’Aoste sur le versant italien du Cervin (Cervino) et après avoir fait une très belle randonnée au départ de Breuil Cervinia, nous sommes depuis deux jours en Suisse, dans le canton du Valais, au camping à Täsch. Hier, nous avons visité Zermatt, un village exclusivement piétonnier, ainsi que les gorges de la Gorner.
Les 5 kilomètres de Täsch à Zermatt sont rapidement avalés avec le train navette en 12 minutes. Arrivés à Zermatt, nous prenons le train à crémaillère du Gornergrat jusqu’à la station de Riffelalp (2211 m).
Il est là !
Nous suivons le sentier vers Grünsee. De l’autre côté de la vallée se dresse une belle chaîne, d’où émerge entre autres l’Obergabelhorn (4063m), le Zinalrothorn (4221 m) et au loin le Weisshorn (4505 m). Avec le Cervin (4478 m) et la Dent Blanche (4356 m) cette chaîne de hauts sommets se nomme la « couronne impériale ».
Nous arrivons en environ 50 minutes à Grünsee (23000 m). Après le restaurant d’altitude, nous atteignons le premier lac de la journée : le lac de Grünsee. Nous voyons bien ici la moraine du glacier de Findelen, qui témoigne de son retrait important.
En continuant sur le sentier « 5-Seenweg » nous arrivons ensuite sur les rives de l’idyllique lac Grindjisee (2324 m) entourées de mélèzes. Le Cervin se reflète sur ses eaux cristallines. Ce lac concentre une riche flore des milieux humides ; on y trouve quelques plantes relativement rares. De nombreux botanistes se sont rendus ici dès le début du XIXe siècle pour herboriser et étudier cette flore spécifique.
Nous arrivons maintenant à Fluhalp et son restaurant (2606 m). La vue sur le Cervin est tout simplement merveilleuse.
LA PREMIÈRE ASCENSION DU CERVIN
L’alpiniste anglais Edward Whymper rêve de conquérir le Cervin depuis la première fois qu’il à vu la montagne en 1860. Il en est de même pour le guide italien Jean-Antoine Carrel qui veut lui réussir la première ascension par le versant italien. Les deux hommes ont déjà tenté l’ascension. En 1865, Whymper veut engager Carrel, mais ce dernier refuse. Pire, le 12 juillet, Carrel débute sa tentative sur l’arête du Lion sur le versant italien. Whymper, ulcéré, ne veut pas perdre la course au sommet. Il bouleverse ses plans et se rend à Zermatt pour tenter l’ascension par l’arête du Hörnli pourtant réputée plus difficile. Il forme alors sa cordée avec Francis Douglas et les guides Peter Taugwalder fils et Peter Taugwalder père. Ils rencontrent Charles Hudson, et son jeune et très inexpérimenté compagnon Douglas Robert Hadow, qui a engagé le guide chamoniard Michel Croz, pour eux aussi, tenter cette première ascension. Whymper ne veut pas emmener Hadow, car il préférerait une cordée moins nombreuse et plus homogène. Mais il n’a pas le choix, le temps presse, Carrel est devant ! Cette situation lui fait faire des concessions imprudentes et les deux cordées britanniques décident alors d’unir leurs forces.
Le 13 juillet, ils quittent Zermatt. Le lendemain, la cordée des sept hommes atteint le sommet avant les Italiens. Whymper peut savourer son triomphe. Pendant une heure, ils restent au sommet, mais il faut songer à redescendre. Dans la descente, Hadow glisse en entrainant avec lui dans une chute vertigineuse Croz, Hudson et Douglas. Sous le choc et grâce à la présence d’esprit de Taugwalder père qui s’est arc-bouté, la corde s’est rompue, sauvant ainsi Edward Whymper et son fils d’une mort certaine. Au retour, les autorités suisses déclenchent une enquête. Interrogatoires, enquêtes, campagnes de presse, suspicions… le monde de l’alpinisme s’interroge sur la tragédie. Faute d’avoir été clairement disculpé par Whymper, le vieux Taugwalder sera suspecté d’avoir coupé la corde avec sa hache et trainera ce fardeau toute sa vie. Whymper admettra, beaucoup plus tard, que la corde s’étant rompue à une distance telle de Taugwalder, que celui-ci ne pouvait pas en être l’auteur. Très marqué par ce drame, Edward Whymper mettra un terme à sa carrière alpine.
SAVOIR PLUS :
– La conquête du Cervin dans l’excellent livre d’Yves BALLU « Les Alpinistes »
– Le récit de la première ascension du Cervin par Edward Whymper
Nous quittons provisoirement le sentier allant vers le Rothorn, pour monter vers l’est, pour tenter de se rapprocher de la moraine et du glacier de Findelen (Findelgletscher). Ses eaux de fonte alimentent en contrebas le lac artificiel de Moosjisee (2140 m) utilisé pour hydroélectricité et l’enneigement des pistes. Sa couleur laiteuse typique est produite par la « farine glaciaire », résultant de l’abrasion exercée par le glacier sur son lit rocheux.
Nous revenons à la bifurcation de Fluhalp ou nous prenons la direction du nord vers le col Furggji. Nous nous installons à l’écart du sentier, sur une belle terrasse herbeuse où poussent des Edelweiss, pour le pique-nique. Nous profitons d’une magnifique vue sur les Alpes Valaisannes et le roi Matterhorn. À sa gauche et face à nous, la frontière entre la Suisse et l’Italie, avec le Breithorn (4164 m), Castor (4 223 m), Pollux (4092 m), le Liskamm (4527 m) et le Massif du Mont Rose (4634 m), dont le point culminant, la Pointe Dufour, est le quatrième plus haut sommet des Alpes et le plus haut de Suisse.
Il suffit maintenant de viser plein nord pour atteindre le col Furggji à 2941 mètres séparant l’Unterrothorn de l’Oberrothorn. La suite est évidente : nous remontons le long de la piste de ski jusqu’au sommet du Rothorn (Unterrothorn) à 3104 mètres d’altitude. L’Unterrothorn constitue le point culminant du domaine skiable de Zermatt.
Le panorama splendide s’ouvre sur les plus hauts sommets des Alpes Valaisannes avec des vues à couper le souffle ! Nous avons une très belle vue notamment sur le Weisshorn (4505 m) le cinquième plus haut sommet des Alpes suisses.
Tout autour des bâtiments du sommet et sur les terrasses panoramiques, nous découvrons l’exposition de sculptures en plein air « Peak Collection ». Dix-huit sculptures métalliques, avec pour certaines des pierres rapportées des sommets, sont consacrées aux célèbres sommets de Zermatt. Des panneaux d’informations rappellent les noms des alpinistes ayant réalisé les premières ascensions. Nous y trouvons aussi des informations sur les types de roches présentes sur le sommet ainsi que des pensées des guides.
Pour la descente nous revenons sur nos pas jusqu’au col Furggji. Nous descendons directement sur Blauherd (2571 m) où nous prenons le sentier «murmelweg» (le sentier des marmottes) jusqu’à Sunnegga (2288 m).
Nous dominons maintenant Zermatt et nous prenons le funiculaire souterrain qui en 3 minutes nous ramène au village. Une journée fantastique et inoubliable !
Le film de la randonnée
Informations pratiques
Situation: Suisse / Valais / Zermatt
Accès: A Zermatt, prendre le train du Gornergrat jusqu’à Riffelalp
Date: 7 septembre 2017
Altitude minimale: 2211 mètres
Altitude maximale: 3104 mètres
Dénivelé: 1100 D+ / 1000 D-
Itinéraire: Boucle
Horaire: 6 H
Cartes: Zermatt – Saas – Fee 3306T – Monte Rosa, Matterhorn 5028T
Trace GPS: Télécharger
0 commentaires