Au cœur du val d’Aoste, dans la haute vallée de Valtournenche, cette magnifique randonnée permet d’admirer pendant presque tout le parcours l’incontournable pyramide du Cervin, qui de ses 4478 mètres domine le bassin du Breuil et tous les sommets alentour.
Le grand objectif de ce séjour dans les Alpes est de voir le Cervin ! Avant de rejoindre Zermatt, nous nous rendons dans le Val d’Aoste, pour pouvoir en admirer le versant italien. Arrivés hier sous la pluie, aujourd’hui, nous avons une belle journée. L’objectif de la journée est de monter au col supérieur de Cime Bianche depuis Valtournenche et de descendre ensuite vers Breuil-Cervinia. Nous prenons donc la télécabine qui part de Valtournenche, et rejoint Salette (2245 m), d’où part l’essentiel du sous-domaine de Valtournenche.
Nous faisons abstraction du fait que nous sommes en randonnée sur un domaine skiable l’été, et nous remontons vers le nord-est en direction du col inférieur de Cime Bianche, que nous devinons entre le Bec Carré (3003 m) et la Gran Sometta (3166 m). Nous remontons d’abord sur une large piste, puis sur un sentier dans la partie supérieure.
Le domaine de Breuil-Cervinia – Valtournenche est situé au pied du Cervin dans la Vallée d’Aoste. Le territoire inclut la commune de Valtournenche située à 1524 mètres d’altitude, le Plateau Rosa, à 3408 mètres et le Petit Cervin qui effleure les 4000 mètres d’altitude. Avec la jonction avec les pistes suisses de Zermatt, cette grande station est parmi les plus étendues des Alpes. Elle se développe à travers trois vallées et entre deux nations, l’Italie et la Suisse, avec plus de 360 kilomètres de pistes, alternant des parcours de difficulté variable. Le domaine skiable de Breuil-Cervinia est relié aux pistes de Valtournenche, au niveau du col supérieur des Cimes blanches (2982 m).
Cette zone est appelée en patois valdôtain « Lo Breuill ». Ce mot, indiquant une terrasse alpine marécageuse, est répandu dans la toponymie valdôtaine sous différentes formes francisées, comme Breil, Bruil et Breuil.
La vue est très belle sur la haute vallée de Valtournenche et ses hauts sommets, notamment la facilement identifiable Dent d’Hérens (4171 m).
Du col inférieur de Cime Bianche, la vue s’ouvre vers le Val d’Ayas.
Le sentier continu à travers les éboulis jusqu’au col supérieur de Cime Bianche (2982 m). La vue est extraordinaire sur le Cervin, le maitre des lieux.
La conquête du Cervin
Le Breuil est devenu célèbre à l’époque de la conquête du Cervin. Jean-Antoine Carrel, guide de montagne, avait fait de la conquête du Cervin le but de sa vie. Il fait une première tentative en 1857 avec son frère, Jean-Jacques Carrel et un jeune séminariste, Aimé Gorret; ils gagnent pour la première fois l’arête du Lion.
En 1865, l’Anglais Edward Whymper se met en contact avec Carrel pour tenter d’escalader ensemble le Cervin depuis le côté suisse, mais ils ne parviennent pas à un accord, parce que Jean-Antoine voulait que son frère Jean-Jacques rentre aussi dans la cordée.
En 1865, une compétition s’engage entre les deux hommes : les frères Carrel partent sur le versant italien et Whymper de Zermatt en Suisse, avec un guide bernois. Les Carrel dépassent l’Anglais et gagnent la Crête du Coq (4032 m) où ils gravent une inscription sur un rocher.
Le 12 juillet 1865, Jean-Antoine Carrel et Jean-Joseph Maquignaz, débutent une nouvelle tentative sur l’arête du Lion sur le versant italien. Whymper, ulcéré, ne veut pas perdre la course au sommet. Il bouleverse ses plans et se rend à Zermatt pour tenter l’ascension par l’arête du Hörnli pourtant réputée plus difficile. Il forme alors sa cordée avec Francis Douglas et les guides Peter Taugwalder fils et Peter Taugwalder père. Ils rencontrent Charles Hudson, et son jeune et très inexpérimenté compagnon Douglas Robert Hadow, qui a engagé le guide chamoniard Michel Croz, pour, eux aussi, tenter cette première ascension. Whymper ne veut pas emmener Hadow, car il préférerait une cordée moins nombreuse et plus homogène. Mais il n’a pas le choix, le temps presse, Carrel est devant ! Cette situation lui fait faire des concessions imprudentes et les deux cordées britanniques décident alors d’unir leurs forces.
Le 13 juillet, la cordée de Whymper atteint le sommet avant les Italiens. Carrel pris par le découragement, se retire avec ses compagnons. À la descente, plusieurs compagnons de Whymper périrent en raison de la rupture d’une corde.
Le 17 juillet 1865, Carrel, accompagné par Jean-Baptiste Bich, Aimé Gorret et Jean-Augustin Meynet, atteint le sommet du côté sud, ouvrant ainsi la première voie italienne au Cervin.
La voie sud définitive, entièrement en territoire italien, est ouverte par Maquignaz en septembre 1867.
Le sentier descend tranquillement jusqu’au téléphérique Laghi Cime Bianche – Plateau Rosa. Passant si près, nous décidons de l’emprunter pour monter au Plateau Rosa.
Le plateau Rosa (4478 mètres)
Le toponyme « rosa » vient du patois valdôtain « rouésa », ou « rouja », qui signifie « glacier », et c’est la même étymologie que celle du mont Rose. Il se présente comme un haut plateau glacé et limité au nord par le Petit Cervin (3883 mètres), à l’est par le Breithorn occidental (4164 mètres) et à l’ouest par la Tête Grise(3480 mètres) et par le col du Théodule (3316 mètres) sur la frontière entre l’Italie et la Suisse.
Au Plateau Rosa se situe la station météorologique la plus élevée d’Italie.
Après ce bref aller-retour au plateau Rosa, nous reprenons la descente, attirés par le magnifique lac Goillet. Ce toponyme vient du mot « goille », indiquant en patois valdôtain une flaque d’eau ou un petit lac de montagne. Ce lac reflète le Cervin et toute la couronne de montagnes qui délimitent la haute Valtournenche. Le lac Goillet est un merveilleux bassin artificiel situé à 2550 mètres d’altitude, fermé par une digue, qui est utilisé pour la production d’énergie hydro-électrique ainsi que pour l’enneigement des pistes de ski.
La suite de la randonnée s’effectue ensuite tranquillement en descente jusqu’au village de Breuil Cervinia, où nous prenons un bus qui nous ramène à Valtournenche.
La cabane Louis Amédée de Savoie à Breuil-Cervinia
Le CAI (Club Alpin Italien) a voulu la construction de la « cabane » qui a été bâtie à Turin, puis démontée et transportée à pied sur le Mont Cervin en 1893. Elle a été remontée à 3840 m sur la Crête du Lion (dénommée Voie Italienne). Elle a pris le nom du Prince Louis Amédée de Savoie, Duc des Abruzzes qui a effectué plusieurs excursions d’alpinisme remarquables.
En 1995, le CAI a cédé la « cabane » à la Société des Guides du Cervin. Elle est devenue un refuge pour tous ceux qui ont fait l’histoire de l’Alpinisme avant la construction du refuge Jean-Antoine Carrel qui a été bâti une dizaine de mètres en aval.
Les façades revêtues en tôle étaient orientées au nord et à l’est et, comme elles n’étaient pas exposées au soleil, remplissaient la fonction d’isolation thermique. Les fenêtres sur les façades exposées au sud et à l’ouest étaient petites pour éviter la dispersion de la chaleur.
La « cabane » avait la possibilité d’accueillir dix personnes qui pouvaient s’allonger sur des matelas de crin posés sur un tablier en bois. L’intérieur, complètement boisé, était chauffé par un poêle. La cheminée, à l’extérieur, se présente tournée vers le bas pour éviter que la neige ne bouche son entrée.
Les éboulements de 2003 sur le Mont Cervin ont failli mettre en danger la « cabane ». Pour préserver, protéger et assurer la sauvegarde de ce patrimoine, la Société des Guides du Cervin a donc décidé de la déplacer.
Démontée sur place pendant l’été 2004, la « cabane » a été transportée à Breuil Cervinia, puis remontée à côté du nouveau Bureau des Guides.
Informations pratiques
Situation: Italie/ Val d’Aoste / Vallée de Valtournenche
Accès au départ: À Valtournenche, prendre la télécabine qui rejoint Salette (2245 m).
Date: 03 septembre 2017
Altitude départ: 2245 mètres
Altitude maximale: 2982 mètres
Dénivelé: Environ 800 mètres
Itinéraire: Boucle d’environ 14 km
Horaire: 4 à 5 H
Carte: Cervino Matterhorn – Breuil Cervinia – Champoluc au 1/25000
Trace GPS: Télécharger
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